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des ennemis aux environs de Tlascala. Il y fit quelques prisonniers, qui lui apprirent que Xicotencatl était campé assez proche de la ville, et qu’il y assemblait une nouvelle armée. Cette nouvelle l’obligea de retourner à son quartier, mais ce ne fut pas sans avoir brûlé quelques villages, pour faire connaître à ses ennemis qu’il ne craignait point la guerre ; et, revenant néanmoins à l’espérance de leur donner une meilleure idée de ses intentions, il rendit la liberté à deux de ses prisonniers, avec ordre de déclarer à Xicotencatl « qu’il était affligé de la mort d’un si grand nombre de braves Tlascalans qui avaient péri dans le dernier combat ; mais que ce malheur ne devait être attribué qu’à ceux qui l’attiraient à leur patrie en recevant à main armée des étrangers qui venaient leur demander la paix : qu’il la demandait encore malgré les outrages qu’il avait reçus, et qu’il promettait de les oublier ; mais que, s’il ne recevait cette grâce à l’heure même, il jurait de détruire la ville de Tlascala pour en faire un exemple dont tous les peuples voisins seraient effrayés. » Après la perte que les Tlascalans avaient réellement essuyée, cette déclaration aurait pu faire quelque impression sur le sénat, si toutes les voies n’eussent été fermées, pour la faire passer dans la ville ; mais elle était adressée à Xicotencatl, qui en fut irrité jusqu’à couvrir de blessures ceux qui avaient eu l’audace de s’en charger ; et, les renvoyant dans cet état à Cortez, il lui