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un air de triomphe ; et la tête du cheval, qu’il portait lui-même, et qu’il envoya bientôt au sénat, lui tint lieu de tous les avantages de la victoire.

Ils étaient demeurés à Cortez, puisqu’il se trouvait maître du champ de bataille, après avoir repoussé tant d’ennemis ; mais il se voyait forcé d’accorder quelques repos à ses troupes qui étaient accablées de fatigue. D’ailleurs, informé par les prisonniers que l’animosité des Tlascalans venait de l’opinion qu’ils avaient conçue de son voyage à la capitale du Mexique, où ils s’imaginaient qu’il allait rechercher l’amitié de Montézuma, pour lequel ils avaient une haine mortelle, il se flattait de pouvoir les détromper sur ses intentions, et de leur inspirer du goût pour la paix. Ces deux raisons le déterminèrent à se saisir d’un petit bourg, qu’on découvrait à peu de distance sur une hauteur qui commandait toute la plaine. Les habitans s’étant retirés à son approche, laissèrent assez de vivres pour renouveler ses provisions. Un lieu naturellement capable de défense ne fut pas difficile à fortifier par quelques ouvrages ; et les Zampoalans, irrités du mépris avec lequel ils voyaient traiter leur alliance, apportèrent une ardeur infatigable au travail. Aussitôt que le général espagnol se crut en sûreté dans ce posté, il se mit à la tête de deux cents hommes, moitié des troupes zampoalanes, et moitié des siennes, pour aller lui-même observer la disposition