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qui s’étaient ralliés, et qui le virent séparé de ses compagnons, l’attaquèrent de concert : les uns saisirent sa lance et les rênes de la bride, tandis que les autres percèrent le cheval de tant de coups, qu’il tomba mort au milieu d’eux ; aussitôt ils lui coupèrent la tête, et, l’élevant au bout d’une lance, ils exhortèrent les plus timides à redouter moins des monstres qui ne résistaient pas à la pointe de leurs armes. Moron reçut plusieurs blessures, et demeura quelques momens prisonnier ; mais il fut secouru par d’autres cavaliers qui l’enlevèrent à ses vainqueurs. Cependant une partie des Tlascalans, encouragée par la mort du monstre, reprit ses rangs, et parut se disposer au combat ; mais, lorsque les Espagnols se croyaient menacés d’une nouvelle attaque, ils furent surpris de voir succéder tout d’un coup un profond silence aux cris des ennemis, et de ne plus entendre que le bruit de leurs timbales et de leurs cors : c’était la retraite qu’ils sonnaient à leur manière. Un mouvement qu’ils firent aussitôt vers Tlascala ne permit pas de douter qu’ils ne fussent près d’abandonner le champ de bataille. En effet, ils s’éloignèrent insensiblement jusqu’à ce qu’une colline les déroba tout-à-fait aux yeux des Espagnols. L’armée avait perdu ses principaux chefs ; et Xicotencatl, voyant la plupart de ses bataillons sans commandans, avait craint de ne pouvoir suffire seul pour faire agir ce grand corps ; cependant il n’en prit pas moins