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effrayés de la grandeur du péril, dirent secrètement à Marina que la perte de l’armée leur paraissait inévitable. Elle leur répondit, d’un air inspiré, que le Dieu des chrétiens avait une particulière affection pour les Castillans, et qu’il les sauverait de ce danger. Cette réponse fit une égale impression sur les soldats de Cortez et sur leurs alliés. Ils se crurent tous sous la protection déclarée du ciel ; et, s’étant dégagés du détroit dont on leur avait disputé le passage, ils arrivèrent dans la plaine, où s’engagea bientôt une action générale, qui doit être regardée comme la plus importante des victoires de Cortez, puisqu’elle servit à lui ouvrir l’entrée du Mexique.

On découvrit d’une hauteur qui dominait sur la plaine une multitude que plusieurs écrivains ont fait monter à quarante mille hommes. Ces troupes étaient composées de diverses nations, distinguées par les couleurs de leurs enseignes et de leurs plumes. La noblesse de Tlascala tenait le premier rang autour de Xicotencatl, qui avait le commandement général, et tous les caciques auxiliaires étaient à la tête de leurs propres troupes. Comme le terrain était inégal et rude, surtout pour les chevaux, on eut d’abord beaucoup de peine à se mettre en bataille : il fallut faire du haut en bas une décharge de toute l’artillerie pour écarter quelques bataillons qui semblaient avoir entrepris de disputer la descente : mais, aussitôt que les cavaliers espagnols eurent