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nombre de ses chefs qui avaient été tués dans le combat. Ils offrirent, au nom des sénateurs, de payer en or le dommage qu’elle avait pu causer aux Espagnols ; mais, ne s’expliquant pas avec plus de clarté sur les dispositions de la république, ils se retirèrent après avoir fini leur compliment.

Cortez ne balança point à continuer sa marche ; il rencontra deux autres ambassadeurs, qui, dans la crainte qui leur restait encore, avaient à peine la force de respirer. Ils se jetèrent à terre, ils embrassèrent ses pieds. Les perfides Tlascalans, lui dirent-ils, violant le droit sacré des ambassades, les avaient chargés de chaînes pour les sacrifier au dieu de la victoire ; mais, ayant trouvé le moyen de se détacher mutuellement, ils s’étaient échappés pendant la nuit : ils avaient entendu dire que leur dessein était de sacrifier tous les Espagnols. Il paraît que le mauvais succès de leur première attaque ne les avait pas abattus, et c’est une preuve que ces peuples étaient naturellement braves. Ce récit ne laissa plus de doute à Cortez que la république de Tlascala ne fût ouvertement déclarée contre lui. Il en eut d’autres preuves un quart de lieue plus loin, dans un détroit fort difficile, que son seul courage lui fit heureusement traverser au milieu d’une foule d’ennemis. Ce n’était plus la fortune qu’il proposait pour motif à ses soldats : il les exhortait à combattre pour leur vie, et les Zampoalans mêmes,