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une seconde troupe, qui, s’étant jointe à l’autre, tint ferme avec une apparence assez guerrière. Les cavaliers, n’en ayant pas moins continué de s’avancer, se virent aussitôt couverts d’une nuée de flèches qui leur blessèrent deux hommes et cinq chevaux. Un gros de cinq mille hommes, qui s’étaient embusqués à peu de distance se découvrit alors et vint au secours des premiers. L’infanterie espagnole arrivait de l’autre côté ; elle se mit en bataille pour soutenir l’effort des ennemis qui venaient à la charge avec une ardeur extrême. Mais, au premier bruit de l’artillerie qui en fit tomber un très-grand nombre, ils tournèrent le dos ; et les Espagnols, profitant de leur désordre, les pressèrent avec tant de vigueur, qu’ils leur firent prendre ouvertement la fuite. On trouva soixante morts sur le champ de bataille, et quelques blessés qui demeurèrent prisonniers. Cortez, arrêté par la fin du jour, fit passer la nuit à ses soldats dans quelques maisons voisines, où ils trouvèrent des vivres et des rafraîchissemens.

Après la retraite des Américains, on vit arriver deux des ambassadeurs zampoalans, accompagnés de quelques députés de la république, qui firent des excuses à Cortez de la témérité que les Otomies avaient eue de les attaquer. Ils s’emportèrent vivement contre cette nation ; et, l’accusant de ne connaître aucun frein, ils ajoutèrent que le sénat se réjouissait qu’elle eût été punie par la perte d’un grand