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que la prudence exigeait dans un pays suspect. Sa marche fut libre pendant quelques lieues, entre deux montagnes séparées par une vallée fort agréable ; mais il fut surpris de se voir tout d’un coup arrêté par une muraille fort haute, qui, prenant d’une montagne à l’autre, fermait entièrement le chemin. Cet ouvrage, dont il admira la force, était de pierres de taille liées avec une espèce de ciment : son épaisseur était d’environ trente pieds, sa hauteur de neuf. Il se terminait en parapet, comme dans les fortifications de l’Europe : l’entrée en était oblique et fort étroite, entre deux autres murs qui avançaient l’un sur l’autre. On apprit des Zocotlans que cette espèce de rempart faisait la séparation de leur province et de celle de Tlascala, qui l’avait fait élever pour sa défense depuis qu’elle s’était formée en république. Cortez regarda comme un bonheur que ses ennemis n’eussent pas songé à lui disputer ce passage, soit que le temps leur eût manqué pour s’y rendre, soit que, se fiant à leur nombre, ils eussent résolu de tenir la campagne pour employer librement toutes leurs troupes. Les Espagnols passèrent sans obstacles ; et, s’étant arrêtés pour rétablir leurs bataillons, ils s’avancèrent en bon ordre dans un terrain plus étendu, où ils découvrirent bientôt les panaches de vingt ou trente Américains. Cortez détacha quelques cavaliers pour les inviter à s’approcher par des cris et des signes de paix. Dans le même instant, on aperçut