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qui semblait concilier les deux autres, ou du moins qui favorisait le parti de la guerre sans ôter le pouvoir de revenir à la paix : c’était de faire partir sur-le-champ Xicotencatl, avec les troupes qui étaient prêtes à marcher pour mettre à l’épreuve ces inconnus qu’on faisait passer pour des dieux. S’ils étaient battus dans leur première rencontre, leur ruine faisait évanouir toutes les craintes, et la nation demeurait glorieuse et tranquille. Si la victoire se déclarait pour eux, on aurait une voie toujours ouverte pour traiter, en rejetant cette insulte sur la férocité des Otomies, dont on se plaindrait de n’avoir pu réprimer l’emportement. Cette proposition ayant réuni tous les suffrages, on trouva le moyen d’amuser les ambassadeurs par des sacrifices et des fêtes, sous prétexte de consulter les idoles, et Xicotencatl se mit secrètement en campagne avec toutes les troupes qu’il put rassembler.

Cortez, qui vit passer huit jours sans recevoir aucune information de ses députés, commençait à se livrer aux soupçons. Les Zampoalans lui conseillèrent de continuer sa marche, et de s’approcher de Tlascala pour observer du moins la conduite d’une nation dont ils commençaient eux-mêmes à se défier. S’il ne pouvait éviter la guerre, il était résolu d’ôter à ses ennemis le temps de s’y préparer et de les attaquer dans leur ville même, avant qu’ils eussent assemblé toutes leurs forces. Il leva aussitôt son camp avec toutes les précautions