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sage sur vos terres. Soyez persuadés qu’il ne désire que votre avantage ; que ses armes sont les instrumens de la justice et de la raison ; qu’elles soutiennent la cause du ciel ; que ceux qui les portent recherchent la paix et la douceur, naturellement et par inclination, et n’emploient la rigueur que contre ceux qui les attaquent ou qui les offensent par leurs crimes. »

Les délibérations durèrent quelques momens. Ensuite un sénateur répondit au nom de l’assemblée qu’elle recevait avec reconnaissance la proposition des Zampoalans et des Totonagues, dont elle estimait l’alliance ; mais qu’elle avait besoin de quelques jours pour délibérer sur une affaire de cette importance. Les ambassadeurs se retirèrent : on ferma les portes de la salle. Dans un fort long conseil, Magiscatzin, vieillard respecté de toute la nation, fit prévaloir d’abord le goût de la paix, par cette seule raison que les étrangers paraissaient envoyés du ciel, et que, ne demandant que la liberté du passage, ils avaient pour eux la raison et la volonté des dieux. Mais le général des armées, nommé Xicotencatl, jeune homme plein de courage et de feu, représenta si vivement le danger qu’il y avait pour la religion et pour l’état à recevoir des inconnus dont on ignorait les intentions, qu’il excita tout le monde à la guerre. Cependant un troisième sénateur, nommé Témilotécatl, ouvrit une opinion plus modérée,