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les instruire jusqu’à composer avec eux le discours qu’ils devaient faire au sénat, et qu’ils apprirent par cœur. Ils partirent avec toutes les marques de leur dignité. C’étaient une mante de coton, bordée d’une frange tressée avec des nœuds, une flèche fort large, qu’ils devaient porter dans la main droite, les plumes en haut, et sur le bras gauche une grande coquille en forme de bouclier. On jugeait du motif de l’ambassade par la couleur des plumes de la flèche : les rouges annonçaient la guerre, et les blanches marquaient la paix. Ces caractères faisaient connaître et respecter les ambassadeurs zampoalans dans leur route ; mais ils ne pouvaient s’écarter des grands chemins sans perdre le droit de franchise : lois sacrées auxquelles ils donnaient dans leur langue des noms qui revenaient à celui de droit des gens et de foi publique.

Les quatre Zampoalans se rendirent à Tlascala, et furent conduits civilement dans un lieu destiné au logement des ambassadeurs. Dès le jour suivant ils furent introduits dans la salle du conseil ; ils se mirent à genoux, les yeux baissés, pour attendre la permission de parler. Alors le plus ancien des sénateurs leur ayant demandé le sujet de leur ambassade, ils s’assirent sur leurs jambes ; et celui que Cortez avait choisi pour l’orateur prononça le discours dont on avait chargé sa mémoire : il mérite d’être rapporté. « Noble république, braves et puissans peuples, le cacique de Zampoala et les caciques de la Montagne, vos