Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Montézuma, il répondit que, « s’il l’avait cru moins puissant, il ne serait pas venu de l’extrémité du monde pour lui offrir l’amitié d’un monarque encore plus grand que lui ; qu’il venait avec des intentions pacifiques, et que, s’il était armé, c’était uniquement pour donner plus de poids et d’autorité à son ambassade ; mais qu’il voulait bien informer Montézuma et tous les caciques de son empire qu’il désirait la paix sans craindre la guerre ; que le moindre de ses soldats était capable de défaire une armée de Mexicains ; qu’il ne tirait jamais l’épée, s’il n’était attaqué ; mais qu’aussitôt qu’il l’avait tirée, il mettait à feu et à sang tout ce qui se présentait devant lui ; que la nature produisait des monstres en sa faveur, et que le ciel lui prêtait ses foudres, parce qu’étant sous la protection d’un Dieu terrible, dont il soutenait la cause, il en voulait particulièrement aux fausses divinités qu’on adorait au Mexique, et à ces mêmes sacrifices de sang humain dont Montézuma prétendait tirer sa gloire. Ensuite, ne pensant pas moins à rassurer ses gens contre de vaines frayeurs qu’à réprimer l’orgueil du cacique : « Mes amis, leur dit-il, en se levant fièrement et se tournant vers eux, voilà ce que nous cherchons, de grands périls et de grandes richesses. »

Sa conduite eut tant de succès, que, pendant cinq jours qu’il passa dans Zocotla, il ne reçut que des marques extraordinaires de la considération du cacique. Cependant il rejeta le