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jet de l’empereur du Mexique. L’Américain répondit brusquement : « Est-il quelqu’un sur la terre qui ne soit esclave ou vassal de Montézuma ? » Un ton si fier révolta Cortez, jusqu’à lui faire répliquer avec un sourire dédaigneux « qu’on connaissait fort peu le monde à Zocotla, puisque les Espagnols étaient sujets d’un empereur si puissant, qu’il comptait entre ses vassaux plusieurs princes plus grands que Montézuma. » Le cacique prit un ton plus grave : « Montézuma, dit-il, était le plus grand prince que les Américains connussent dans les terres qu’ils habitaient ; personne ne pouvait retenir dans sa mémoire le nombre des provinces qui lui étaient soumises. Il tenait sa cour dans une ville inaccessible, fondée au milieu de l’eau, entourée de lacs, et dans laquelle on n’entrait que par des chaussées ou des digues, coupées d’une suite de ponts-levis dont les ouvertures servaient à la communication des eaux. » Il exagéra les immenses richesses de l’empereur, la force de ses armes, et surtout le malheur de ceux qui lui refusaient leur soumission, dont le sort était de servir de victimes dans ses sacrifices. « Tous les ans, plus de vingt mille de ses ennemis ou de ses sujets rebelles étaient immolés sur les autels de ses dieux. »

Cortez n’entreprit point de rabaisser ce qu’il venait d’entendre ; mais feignant, au contraire, de ne pas ignorer les grandeurs de