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Le froid y était cuisant et les pluies continuelles : les soldats, obligés de passer les nuits sans autre couverture que leurs armes, et souvent pressés par la faim, y firent le premier essai des fatigues qui les attendaient. En arrivant au sommet de la montagne, ils y trouvèrent un temple et quantité de bois, qui ne leur cachèrent pas long-temps la vue de la plaine : c’était l’entrée d’une province nommée Zacotla, fort grande et fort peuplée, dont les premières habitations leur offrirent bientôt assez de commodités pour leur faire oublier leurs travaux. Cortez, apprenant que le cacique faisait sa demeure dans une ville du même nom peu éloignée de la montagne, l’informa de son arrivée et de ses desseins par deux Américains qui lui lurent renvoyés avec une réponse civile. Bientôt on eut la vue d’une ville magnifique qui s’étendait dans une grande vallée, et dont les édifices tiraient beaucoup d’éclat de leur blancheur ; elle en reçut le nom de Castel-Blanco.

Le cacique vint au-devant des étrangers avec un nombreux cortége ; mais au travers de ses politesses on crut distinguer que cette démarche était forcée. Cortez n’affecta pas moins de le recevoir avec un mélange de douceur et de majesté ; et, s’imaginant que les marques de chagrin qu’il découvrait sur son visage pouvaient venir de ses ressentimens contre Montézuma, il crut lui donner occasion de s’expliquer en lui demandant s’il était su-