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auxquels il communiqua ce dessein, le secondèrent avec beaucoup d’habileté, en disposant les matelots à publier que les navires s’étaient entr’ouverts depuis le séjour qu’ils avaient fait dans le port, et qu’ils étaient menacés de couler à fond. Ce rapport fut suivi d’un ordre pressant du général pour faire débarquer les voiles, les cordages, les planches et tous les ferremens dont il pouvait tirer quelque utilité. On ne vit d’abord dans cette précaution que l’effet d’une prudence ordinaire ; mais aussitôt que les vaisseaux eurent été déchargés, un autre ordre, dont l’explication fut confiée à la plus fidèle partie de l’armée, les fit tous échouer, à l’exception des chaloupes, qui furent réservées pour la pêche. On compte avec raison la conduite et l’exécution d’un dessein si hardi entre les plus grandes actions de Cortez.

Quoique la ruine de la flotte parût affliger quelques soldats, les mécontentemens furent étouffés par la joie et les applaudissemens du plus grand nombre. On ne parla plus que du voyage de Mexico, et Cortez assembla toutes ses troupes pour confirmer le succès de son entreprise par ses promesses et ses exhortations. L’armée se trouva composée de cinq cents hommes de pied, de quinze cavaliers et de six pièces d’artillerie. Il était resté dans la ville une partie du canon, cinquante hommes et deux chevaux, sous la conduite d’Escalante, dont Cortez estimait beaucoup la prudence et la valeur. Les caciques alliés reçurent ordre