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dant à peu près le même compte de sa situation : mais, remettant au roi la disposition de son sort avec une noble indifférence, il ne s’expliquait fortement que sur l’espérance qu’il avait de soumettre l’empire du Mexique à l’obéissance de l’Espagne, et sur le dessein de combattre la puissance de Montézuma par ses sujets mêmes, révoltés contre sa tyrannie. On choisit, pour envoyer ces dépêches à la cour, Porto-Carréro et Montéjo, qui furent chargés aussi d’or et des bijoux rares ou précieux qu’on avait reçus de Montézuma et des caciques. Tous les officiers, et les soldats mêmes, cédèrent volontairement la part qu’ils avaient à cet amas de richesses ; et quelques Américains s’offrirent à faire le voyage, pour être présentés au roi, comme les prémices des nouveaux sujets qu’on acquérait à l’Espagne. On équipa le meilleur vaisseau de la flotte : Alaminos fut nommé pour le commander ; il mit à la voile le 16 juillet, avec l’ordre précis de prendre sa route par le canal de Bahama, sans toucher à l’île de Cuba, où Vélasquez était trop redoutable.

Pendant les préparatifs de cet embarquement, la fortune du général lui ménageait une autre occasion de faire éclater son adresse et sa fermeté. Quelques soldats, avec un petit nombre de matelots, fatigués peut-être de leurs courses, ou tentés par les récompenses qu’ils espéraient de Vélasquez, formèrent le dessein de prendre la fuite sur un vaisseau pour lui porter avis des lettres que la colonie écrivait au