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qui venait d’y mouiller. Il était parti de Cuba sous le commandement du capitaine Salcedo ; et, quoiqu’il n’amenât que dix soldats et deux chevaux, ce secours parut considérable dans les circonstances. On ne trouve dans aucun historien le motif qui amenait Salcedo ; mais l’utilité dont il fut pour Cortez, en lui apprenant que le gouverneur de Cuba continuait de le menacer, et que la qualité d’adelantade dont il avait été nouvellement revêtu lui donnait plus que jamais le pouvoir de lui nuire, fait juger qu’il n’était venu que pour s’attacher à sa fortune. La colonie fut alarmée de cette information, et sentit de quelle importance il était pour la sûreté du nouvel établissement de rendre compte au roi de toutes ses opérations. Les principaux officiers, dans une lettre qu’ils se hâtèrent d’écrire au roi d’Espagne, lui firent une exposition fidèle des provinces qui lui étaient déjà soumises, et de l’espoir qu’ils avaient d’étendre son autorité dans une si belle et si riche partie du Nouveau-Monde. Ils lui représentaient l’injustice et les violences du gouverneur de Cuba, les obligations que l’Espagne avait à la conduite de Cortez autant qu’à sa valeur, le parti qu’ils avaient pris, au nom de sa majesté, de le rétablir dans une dignité qu’il était seul capable de remplir, et que sa modestie lui avait fait abandonner ; enfin ils suppliaient le roi de confirmer leur élection, sans aucune dépendance de don Diego de Vélasquez. Le général écrivit de son côté, en ren-