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idoles en pièces. À l’instant, on vit sauter du haut des degrés le principal de ces monstres et les autres à sa suite, avec les autels mêmes et tous les instrumens d’un exécrable culte. Les Américains ne virent pas ces débris sans frémir de frayeur. Ils se regardaient d’un air interdit, comme s’ils eussent attendu la vengeance du ciel ; mais, lorsqu’ils le virent tranquille, ils jugèrent, comme les insulaires de Cozumel, que des divinités qui n’avaient pas le pouvoir de se venger ne méritaient pas leurs adorations. S’ils avaient regardé jusqu’alors les Espagnols, comme des hommes d’une espèce supérieure, ils commencèrent à les croire au-dessus de leurs dieux mêmes, et cette persuasion les rendit si dociles, que, Cortez ayant profité de son nouvel ascendant pour leur donner ordre de nettoyer le temple, ils s’y employèrent avec une ardeur qui leur fit jeter au feu toutes les pièces dispersées de leurs idoles. Les murailles furent lavées ; on en effaça les taches du sang humain qui en faisaient le principal ornement. On les revêtit d’une couche de gez, espèce de vernis d’une blancheur brillante, dont l’usage était commun dans toutes les maisons du Mexique, et Cortez y fit élever un autel où l’on célébra dès le jour suivant les mystères du christianisme.

Les Espagnols quittèrent Zampoala, qui reçut dans la suite le nom de Nouvelle-Séville, et se retirèrent dans Vera-Cruz. En y arrivant, ils virent paraître dans la rade un petit vaisseau