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mençant par se faire amener le cacique et les principaux officiers, il se mit en marche avec eux vers le temple. Les ministres des sacrifices parurent à la porte. La crainte leur fit pousser d’effroyables cris pour appeler le peuple au secours de leurs dieux. On vit paraître sur-le-champ quelques troupes d’hommes armés, que la défiance des prêtres avait fait aposter, et dont le nombre augmenta bientôt jusqu’à causer de l’inquiétude au général. Il fit crier par Marina qu’à la première flèche qui serait tirée, il ferait égorger le cacique, et qu’il permettrait à ses soldats de châtier cette insolence par le fer et par le feu. Cette menace arrêta les plus emportés. Le cacique même leur ordonna d’une voix tremblante de quitter les armes et de se retirer, et ils obéirent.

Cortez, demeuré avec le cacique et ceux de sa suite, se fit amener les sacrificateurs. Il les rassura sur leur sort ; mais il déclara qu’il avait résolu de ruiner toutes leurs idoles, et que, s’ils voulaient employer leurs propres mains à cette exécution, il leur promettait son amitié. Alors il voulut leur persuader démonter les degrés du temple pour abattre tout ce qu’ils avaient adoré ; mais ils ne répondirent que par des cris et des larmes, et, s’étant jetés tous à terre, ils protestèrent qu’ils souffriraient mille fois la mort avant de porter la main sur leurs dieux. Cortez, sans insister sur une proposition qu’il désespéra de leur faire goûter, n’en ordonna pas moins à ses soldats de mettre les