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dérable que le général rendit aux caciques de Zampoala et de Quiabizlan les fit passer de l’admiration à l’attachement. Il humilia par la terreur de ses armes les habitans de Zinpazingo, contrée voisine dont ils lui avaient fait beaucoup de plaintes, et les força de jurer des conditions qu’ils observèrent fidèlement. À la vérité, les caciques l’avaient trompé en lui représentant leurs ennemis comme des Mexicains qui cherchaient à nuire aux Castillans ; et le motif de Cortez, dans cette guerre, fut bien moins d’obliger ses hôtes que de faire prendre à la cour du Mexique une idée de sa valeur ; mais lorsqu’il eut découvert l’artifice des deux caciques, il se fit demander grâce pour eux par tous ses capitaines, et, l’ayant accordée avec des circonstances qui relevèrent sa bonté, il acheva par cette faveur de les lier à ses intérêts.

Le changement qu’il eut occasion d’introduire dans leur culte servit encore à assurer leur fidélité, en leur donnant une plus haute idée de sa puissance. Un jour, qui était celui d’une de leurs plus grandes fêtes, tous les Américains du canton s’étaient assemblés dans le plus célèbre de leurs temples pour y faire le sacrifice de plusieurs hommes par le ministère de leurs prêtres. Quelques Espagnols, que le hasard rendit témoins de cette horrible scène, se hâtèrent d’en informer le général. Sa colère s’alluma jusqu’au transport : il fit prendre aussitôt les armes à toutes ses troupes, et, com-