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pour implorer un secours si puissant contre la même oppression. En peu de jours on en vit plus de trente à Quiabizlan, la plupart sortis des montagnes qu’on découvre de cette ville. Leurs peuples, qui se nommaient Totonagues, avaient plusieurs bourgades fort peuplées, dont le langage et les coutumes ressemblaient peu à celles des autres provinces de l’empire ; c’était une nation extrêmement robuste, endurcie à la fatigue, et propre à tous les exercices de la guerre. Non-seulement les caciques offrirent leurs troupes à Cortez, mais s’étant engagés à la fidélité par des sermens, ils y joignirent un hommage formel à la couronne d’Espagne. Après cette espèce de confédération, ils se retirèrent dans leurs états. Ce récit fait voir que les victoires des Espagnols dans cette contrée commencèrent par des menées politiques que favorisaient les circonstances, et qu’indépendamment de l’avantage prodigieux de leurs armes, ils surent diviser leurs ennemis avant de les vaincre, et employèrent une partie du Nouveau-Monde à conquérir l’autre . C’est alors que Cortez, ne voyant plus d’obstacle à redouter, prit la résolution de donner une forme régulière et constante à la colonie de Vera-Cruz, qui était comme errante avec l’armée dont elle était composée. La situation de la ville fut choisie dans une plaine, entre la mer et Quiabizlan, à une demi-lieue de cette place. La fertilité du terroir, l’abondance des eaux, et la beauté des arbres, semblèrent in-