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province de Quiabizlan offrit un mélange de bois et de plaines fertiles dont la vue parut fort agréable aux Espagnols. Ils se logèrent le soir dans un village abandonné, pour ne se pas présenter la nuit aux portes de la capitale. Le lendemain, ils découvrirent dans l’éloignement les édifices d’une assez grande ville, sur une hauteur environnée de rochers qui semblaient lui servir de murailles : ils y montèrent avec beaucoup de peine, mais sans opposition de la part des habitans, à qui la frayeur avait fait abandonner leurs maisons. Tandis qu’ils s’avançaient vers la place, ils virent sortir de quelques temples qui en faisaient l’ornement douze ou quinze Américains d’un air distingué, qui les prièrent civilement de ne pas s’offenser de la retraite du cacique et de ses sujets, et qui offrirent de les rappeler sur-le-champ, si le général étranger voulait s’engager à les traiter avec amitié : Cortez leur donna toutes les assurances qu’ils désiraient, et ne fut pas peu surpris de voir presque aussitôt la ville repeuplée de tous ses habitans ; le cacique arriva le dernier : il amenait avec lui celui de Zampoala pour lui servir de protecteur, et tous deux étaient portés par quelques-uns de leurs officiers. Après des excuses fort adroites, ils tombèrent sur les violences de Montézuma, en joignant quelquefois des larmes à leurs plaintes. Le Zampoala, qui paraissait le plus irrité, ajouta pour conclusions : « Ce monstre est si fier et si cruel, qu’après nous avoir appau-