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vivres pour toute l’armée. On apprit d’eux qu’il restait un soleil, c’est-à-dire, dans leur langage, une journée de chemin jusqu’à la cour de Zampoala. Cortez renvoya six de ces Américains au cacique, avec des remercîmens fort nobles, et garda les autres pour lui servir de guides. Une civilité si peu prévue n’avait pas laissé de lui causer quelque défiance ; mais, le soir, il trouva tant d’empressement à le servir dans les habitans d’une bourgade où ses guides lui conseillèrent de s’arrêter, qu’il ne douta plus de la bonne foi du cacique ; et cette opinion fut heureusement confirmée par les avantages qu’il retira de son amitié.

Le jour suivant, en continuant de marcher vers Zampoala, il rencontra, presqu’à la vue de cette place, vingt Américains qui étaient sortis pour le recevoir. Après l’avoir salué avec beaucoup de cérémonies, ils lui firent un compliment civil au nom du cacique, ajoutant « que ses incommodités ne lui avaient pas permis de se mettre à leur tête, mais qu’il attendait avec une extrême impatience de connaître des étrangers dont la valeur avait fait tant de bruit. » La ville était grande et bien peuplée, dans une agréable situation, entre deux ruisseaux qui arrosaient une campagne fertile. Ils venaient d’une montagne peu éloignée, révêtue d’arbres, et d’une pente aisée. Les édifices de la ville étaient de pierre, couverts et crépis d’une sorte de chaux blanche, polie et luisante, dont l’éclat formait un