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dans leurs temples qu’une partie de leurs idoles, avec des couteaux de bois garnis de pierre, et quelques misérables restes de la peau des victimes humaines qu’ils avaient sacrifiées, et qui causaient autant de pitié que d’horreur. Ce fut dans ce lieu que les Castillans virent pour la première fois la forme des livres mexicains. Ils en trouvèrent quelques-uns qui contenaient, apparemment les cérémonies de la religion de ces peuples. Leur matière était une espèce de parchemin enduit de gomme ou de vernis, et plié de manière à former un grand nombre de feuilles qui composaient chaque volume. Ils paraissaient écrits de tous côtés, ou plutôt chargés de ces images et de ces chiffres dont les peintres de Teutilé avaient donné des exemples beaucoup plus réguliers. L’armée passa la nuit dans cette bourgade avec toutes les précautions qui pouvaient assurer son repos. Le lendemain elle reprit sa marche dans le même ordre et par le chemin le plus frayé, qui descendait vers l’ouest, en s’écartant un peu de la mer. Cortez fut surpris de n’y trouver pendant tout le jour qu’une continuelle solitude, dont le silence lui devint suspect ; mais, vers le soir, à l’entrée d’une belle prairie, on vit paraître douze Américains chargés de rafraîchissemens, qui, s’étant fait conduire au général, lui offrirent ce présent de la part de leur cacique, avec une invitation de se rendre dans le lieu de sa demeure, où il avait fait préparer des logemens et des