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dans le fond, son pouvoir était appuyé sur des fondemens trop faibles. Ce défaut ne l’obligeait que trop souvent de fermer les yeux sur la résistance qu’il trouvait à ses ordres. Il le mettait dans le double embarras de penser à ce qu’il devait commander et aux moyens de se faire obéir : de là son impatience pour l’exécution d’un projet dont toutes ces dispositions n’étaient que les préparatifs.

Le lendemain, pendant que le conseil était assemblé, il demanda modestement la permission d’y entrer. Les juges se levèrent pour le recevoir. Il leur fit une profonde révérence, et se contenta de prendre place après le premier conseiller. Là, dans un discours où l’art était revêtu des apparences du désintéressement et de la simplicité, il leur représenta que, depuis les variations du gouverneur de Cuba, dont il tenait la commission, il ne se croyait plus un pouvoir assez absolu pour commander, et que, les circonstances demandant une pleine autorité dans un capitaine-général, il se désistait de toutes ses prétentions entre les mains du conseil, auquel il appartenait d’en nommer un, jusqu’à ce qu’il plût au roi d’en ordonner autrement. Il n’oublia pas de demander acte de son désistement ; après quoi, jetant sur la table les provisions de Diégo Vélasquez, et baisant le bâton de général, qu’il remit au chef de l’assemblée, il se retira seul dans sa tente.

Le choix du conseil ne fut pas différé long-