Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pastille allumée, une voix lui avait ordonné de prendre la pastille et de la lui appliquer sur la cuisse, ce qu’il avait fait sans que l’empereur se fût éveillé. Alors la voix lui avait dit : C’est ainsi que ton souverain s’endort pendant que le tonnerre gronde sur sa tête, et qu’il lui vient des ennemis d’un autre monde pour détruire son empire et sa religion. Sur quoi, le laboureur ayant fait une exhortation fort vive à Montézuma, prit la fuite avec beaucoup de vitesse. On pensait d’abord à le faire arrêter pour le punir de son insolence ; mais une douleur extraordinaire que l’empereur sentit à sa cuisse y ayant fait regarder aussitôt, tous ceux qui étaient présens aperçurent la marque d’une brûlure récente, dont la vue effraya Montézuma. Soit que des prêtres, ennemis de ce prince, eussent répandu contre lui des prédictions sinistres, soit que la haine qu’il inspirait eût aisément accrédité des fables chez un peuple superstitieux, Cortez sut en profiter. Il jugea qu’il ne lui serait pas difficile de former un parti contre un tyran parmi des peuples révoltés contre ses injustices. Il envoya au cacique de Zampoala des présens, et rechercha son amitié. Il crut ce moment favorable pour exécuter le dessein qu’il avait toujours eu de former une colonie dans le lieu où il était campé ; il se hâta de le communiquer aux officiers dont il connaissait l’attachement pour sa personne, et lorsqu’il eut réglé avec eux tout ce qui pouvait en assurer le succès, il tint une