Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porte peut s’expliquer assez naturellement, le reste est merveilleux ; mais on doit compter assez sur la raison des lecteurs pour offrir sans crainte à leur imagination ces fables, qui se sont toujours mêlées au récit des grands événemens. On avait entendu dans l’air des voix plaintives qui annonçaient la fin de la monarchie ; et toutes les réponses des idoles s’accordaient à répéter ce funeste pronostic. Quelques pêcheurs prirent au bord du lac de Mexico un oiseau d’une grandeur et d’une figure monstrueuses, qu’ils présentèrent à l’empereur ; il avait sur la tête une lame luisante où la réverbération du soleil produisait une lumière triste et affreuse. Montézuma, fixant ses yeux sur cette lame, y aperçut la représentation d’une nuit, avec des étoiles si brillantes, qu’il se tourna aussitôt vers le soleil, dans le doute s’il n’avait pas cessé tout d’un coup de luire ; il y vit des soldats inconnus et bien armés, qui venaient du côté de l’orient, et qui faisaient un horrible carnage de ses sujets : il fit appeler ses prêtres et ses devins pour les consulter sur ce prodige. L’oiseau demeura immobile tandis que plusieurs d’entre eux firent la même expérience ; ensuite il s’échappa tout d’un coup de leurs mains.

Peu de jours après, un laboureur vint au palais et demanda très-instamment d’être introduit à l’audience de l’empereur. Il raconta qu’ayant vu en songe l’empereur endormi dans un lieu écarté, et qui tenait à la main une