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mendians, étaient obligés d’apporter quelque chose au pied du trône. Ces violences avaient jeté la terreur dans toutes les parties de l’empire, et cette terreur avait produit la haine. Plusieurs provinces s’étaient révoltées : il avait entrepris de les châtier lui-même ; mais celles de Méchoacan, de Tlascala et de Tépéaca, se soutenaient encore dans la révolté. Montézuma se vantait de n’avoir différé à les soumettre que pour se conserver des ennemis et fournir des victimes à ses cruels sacrifices. Il y avait quatorze ans qu’il régnait suivant ces maximes : tel est le portrait que tracent les écrivains espagnols, dont l’équité peut être suspecte. On peut encore, avec plus de raison, soupçonner leurs lumières dans le récit des prétendus prodiges qui, s'il faut les en croire, commençaient à faire sentir à Montézuma des remords et des craintes. Une effroyable comète avait paru pendant plusieurs nuits, comme une pyramide de feu ; elle avait été suivie d’une autre en forme de serpent à trois têtes, qui, se levant de l’ouest en plein jour, courait avec une extrême rapidité jusqu’à l’autre horizon, où elle disparaissait, après avoir marqué sa trace par une infinité d’étincelles. Un grand lac voisin de la capitale avait rompu ses digues, et s’était répandu avec une impétuosité dont on n’avait jamais vu d’exemple ; un temple s’était embrasé, sans qu’on eût pu découvrir la cause de cet incendie, ni trouver de moyen pour l’arrêter. Jusque-là, tout ce que l’on rap-