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lui laissant aucune défiance de leurs intentions, il les conduisit au camp. On crut remarquer à leur air et à leurs habillemens qu’ils étaient d’une nation différente des Mexicains, quoiqu’ils eussent aussi les oreilles et la lèvre percées, pour soutenir de gros anneaux d’or et d’autres bijoux : leur langage ne ressemblait pas non plus à celui des autres, et Marina ne l’entendit pas sans difficulté. On apprit néanmoins par son organe qu’ils étaient sujets du cacique de Zampoala, province peu éloignée, et qu’ils venaient faire des complimens de sa part au chef de ces braves étrangers, dont les exploits dans la province de Tabasco s’étaient déjà répandus jusqu’à lui. C’était un prince guerrier qui faisait profession d’aimer la valeur jusque dans ses ennemis. Les députés insistèrent beaucoup sur cette qualité de leur maître, dans la crainte apparemment que ses avances ne fussent attribuées à des motifs moins dignes de lui. Cortez les reçut avec de grands témoignages d’estime et d’affection. Outre l’effet que cet heureux incident pouvait produire sur les Mexicains pour arrêter leurs entreprises, et sur les Espagnols mêmes pour leur inspirer une nouvelle confiance, il apprit que la province de Zampoala était vers le port que Montéjo avait découvert sur la côte, et son dessein était toujours d’y transporter son camp. Cependant, sa joie se déguisant sous un air de fierté, il demanda aux Américains pourquoi leur cacique, étant si voisin, avait différé si long-temps