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ardemment ; et, se plaignant d’avoir été mal informé, sans nommer néanmoins ceux qui lui avaient rendu ce mauvais office, il protesta que les ordres qu’il avait donnés étaient contre son goût, qu’il n’avait cédé qu’à l’envie d’obliger ses soldats ; qu’il demeurait au Mexique avec d’autant plus de satisfaction, qu’il les voyait dans les sentimens qu’ils devaient au roi leur maître, et à l’honneur de leur nation ; mais qu’ils devaient comprendre que, pour des entreprises aussi glorieuses que les siennes, il ne voulait que des guerriers libres et dévoués à ses ordres ; que si quelqu’un souhaitait de retourner à Cuba, il pouvait partir sans obstacle, et que sur-le-champ il allait donner ordre qu’il y eut des vaisseaux prêts pour tous ceux qui ne seraient pas disposés à suivre volontairement sa fortune. Ce discours produisit des transports de joie dont il fut surpris lui-même ; et ceux qui avaient servi d’interprètes aux mécontens n’eurent pas la hardiesse de se déclarer. Ils lui firent des excuses, qu’il reçut avec la même dissimulation. On verra dans tout le cours de cette histoire que, de tous les ennemis que Cortez eut à combattre, ce sont les Espagnols qui lui donnèrent le plus de peine.

La fortune, qui semblait conduire Cortez par la main, amena dans le même temps cinq Américains que Diaz del Castillo vit descendre d’une colline vers un poste avancé qu’il gardait. Leur petit nombre et les signes de paix avec lesquels ils continuaient de s’approcher ne