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pour demander leur retour dans l’île de Cuba, sous prétexte d’y fortifier la flotte et l’armée. Cortez, informé de ce soulèvement, employa ses plus fidèles amis pour reconnaître les sentimens du plus grand nombre. Il trouva que celui des mutins se réduisait à quelques anciens mécontens, dont il avait toujours eu de la défiance. Lorsqu’il se crut assuré de la disposition des autres, il déclara qu’il voulait prendre conseil de tout le monde, et que chacun avait la liberté de lui apporter ses plaintes. Ordas et quelques autres officiers se chargèrent de celles des mécontens. Elles furent écoutées sans aucune marque d’offense ; comme elles tendaient principalement à retourner dans l’île de Cuba pour remettre la disposition de la flotte à Vélasquez, et qu’il n’y avait point en effet d’autre moyen de la fortifier, Cortez se contenta de répondre qu’elle avait été jusqu’alors assez favorisée du ciel pour en espérer constamment les mêmes secours ; mais que, si le courage et la confiance manquaient aux soldats comme on l’en assurait, il y aurait de la folie à s’engager plus loin ; qu’il fallait prendre ses mesures pour retourner à Cuba : il avoua néanmoins qu’il s’arrêtait à cette résolution pour suivre leur conseil, et sur le témoignage qu’ils lui rendaient de la disposition des soldats. Aussitôt il fit publier dans le camp qu’on se tînt prêt à s’embarquer le lendemain pour Cuba ; et l’ordre fut donné aux capitaines de remonter, avec leurs compagnies, sur