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en traitant des étrangers comme ses hôtes ; mais que, s’ils continuaient à résister à ses ordres, ils devaient s’attendre à être traités en ennemis. Alors, sans demander plus d’explication, ni prendre congé du général, il sortit à grands pas avec tout son cortége. Un procédé si fier causa quelques momens d’embarras à Cortez : mais tournant aussitôt son attention à rassurer ses gens, il parut s’applaudir d’un refus qui lui donnait la liberté d’employer les armes sans violer aucun droit ; et quoiqu’il y eût peu d’apparence que les Mexicains eussent une armée prête à l’attaquer, il posa de tous côtés des corps de garde pour faire juger qu’il n’avait rien à craindre de la surprise avec lui.

Cependant le jour d’après fit découvrir un changement qui jeta l’alarme dans le camp espagnol. Les Mexicains, qui s’étaient établis à peu de distance, et qui n’avaient pas cessé jusqu’alors de fournir des vivres, s’étaient retirés si généralement, qu’il ne s’en présentait pas un seul. Ceux qui venaient des villages et des bourgs voisins rompirent aussi toute communication avec le camp. Cette révolution fit craindre si vivement aux soldats de manquer bientôt du nécessaire, qu’ils commencèrent à regarder le dessein de s’établir dans ce pays comme une entreprise mal conçue : ces murmures firent élever la voix à quelques partisans de Vélasquez. Ils accusèrent le général d’un excès de témérité ; et leur hardiesse croissant de jour en jour, ils sollicitèrent tout le monde de s’unir