Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

parti d’occuper ses soldats jusqu’au retour de l’ambassadeur mexicain, pour leur ôter le temps de se refroidir par leurs réflexions ; et, sous prétexte de chercher un mouillage plus sûr, parce que la rade de Saint-Jean d’Ulua était battue des vents du nord, il chargea Montéjo d’aller reconnaître la côte avec deux vaisseaux, sur lesquels il fit embarquer ceux dont il appréhendait le plus d’opposition. Montéjo revint vers le temps où l’on attendait Teutilé. Il avait suivi la côte jusqu’à la grande rivière de Panuco, que les courans ne lui avaient pas permis de passer ; mais il avait découvert une bourgade où la mer formait une espèce de port, défendu par quelques rochers qui pouvaient mettre les vaisseaux à couvert du vent. Elle n’était qu’à dix ou douze lieues de Saint-Jean. Cortez fit valoir cette faveur du ciel comme un témoignage de sa protection.

Teutilé arriva bientôt avec de nouveaux présens. Sa harangue fut courte : elle portait un ordre aux étrangers de partir sans réplique. On ignore quelle aurait été la réponse de Cortez ; mais tandis qu’il la préparait avec quelque embarras, il entendit sonner la cloche de l’église ; et, prenant occasion de cet incident pour former un dessein extraordinaire, il se mit à genoux après avoir fait signe à tous ses gens de s’y mettre à son exemple. Cette action, qui fut suivie d’un profond silence, ayant paru causer de l’étonnement à l’ambassadeur, Marina lui apprit, par l’ordre du général, que les Espagnols re-