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dispos, qu’on exerçait à la course dès le premier âge. Acosta, dont on vante l’exactitude dans ses descriptions, rapporte que la principale école où l’on dressait ces courriers était le grand temple de la ville de Mexico, qui contenait une idole monstrueuse au sommet d’un escalier de cent vingt degrés, et qu’il y avait des prix tirés du trésor public pour celui qui arrivait le premier aux pieds de l’idole. Dans les courses qu’ils faisaient d’une extrémité de l’empire à l’autre, ils se relevaient de distance en distance avec des proportions si justes, qu’ils se succédaient toujours avant qu’ils eussent commencé à se lasser.

La réponse de Montézuma vint en sept jours ; quoique par le plus court chemin, on compte soixante lieues de la capitale à Saint-Jean d’Ulua, et ce qui augmente l’admiration, c’est qu’elle était précédée par un présent porté sur les épaules de cent Américains. Avant l’audience, Teutilé, qui était chargé de négocier avec le général étranger, fit étendre les présens sur des nattes à la vue des Espagnols ; ensuite, s’étant fait introduire dans la tente de Cortez, il lui dit que l’empereur Montézuma lui envoyait ces richesses pour lui témoigner l’estime qu’il faisait de lui, et la haute opinion qu’il avait de son roi ; mais que l’état de ses affaires ne lui permettait pas d’accorder à des inconnus la permission de se rendre à sa cour. Teutilé s’efforça d’adoucir ce refus par divers prétextes, tels que la difficulté des che-