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sérieuse, puisqu’un simple amusement qui n’en était que l’image avait pu leur causer tant de frayeur. Les peintres mexicains inventèrent de nouvelles figures pour exprimer ce qu’ils venaient de voir et d’entendre. Les uns dessinaient des soldats armés, et les autres peignaient les chevaux dans l’agitation du combat. Ils représentaient même un coup de canon, autant qu’il était possible, par du feu et de la fumée.

Cortez avait employé le temps que les Mexicains donnaient à l’admiration pour faire préparer des présens considérables, qu’il les pria d’envoyer de sa part à leur empereur. Pilpatoé s’arrêta près du camp des Espagnols, avec une troupe assez nombreuse, pour élever en peu d’heures une multitude de cabanes, qui prirent l’apparence d’une grosse bourgade. Les Castillans n’eurent pas de peine à comprendre que son dessein était de les observer ; mais, comme il les avait avertis qu’il ne pensait qu’à se mettre à portée de leur fournir des provisions, ils lui laissèrent le plaisir de croire qu’il les trompait par une politique dont ils recueillaient tout l’avantage. Teutilé reprit le chemin de son camp, d’où il se hâta d’envoyer à Montézuma ses observations, avec les tableaux de ses peintres et les présens de Cortez. Les rois du Mexique entretenaient pour cet usage un grand nombre de courriers, dispersés sur tous les grands chemins de l’empire. On choisissait pour cet office des jeunes gens fort