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ils demandèrent la liberté de faire apporter leurs présens. C’étaient des vivres, des robes de coton très-fin, des plumes de différentes couleurs, et une grande caisse remplie de divers bijoux d’or travaillés avec délicatesse. Trente Mexicains entrèrent dans la tente chargés de ce fardeau, et Teutilé en présenta successivement, chaque partie au général. Ensuite, se tournant vers lui, il lui fit dire par l’interprète qu’il le priait d’agréer ce témoignage de l’estime et de l’affection de deux esclaves de Montézuma, qui avaient ordre de traiter ainsi les étrangers qui abordaient sur les terres de son empire, à condition néanmoins qu’ils s’y arrêteraient peu, et qu’ils se hâteraient de continuer leur voyage ; que le dessein de voir l’empereur souffrait trop de difficultés, et qu’ils croyaient lui rendre service en lui conseillant d’y renoncer. Cortez, d’un air encore plus fier, répliqua que les rois ne refusaient jamais audience aux ambassadeurs des autres souverains, et que, sans un ordre bien précis, leurs ministres ne devaient pas se charger d’un refus si dangereux ; que dans cette occasion leur devoir était d’avertir Montézuma de son arrivée, et qu’il leur accordait du temps pour cette information ; mais qu’ils pouvaient assurer en même temps leur empereur que le général étranger était fortement résolu de le voir ; et que, pour l’honneur du grand roi qu’il représentait, il ne rentrerait point dans ses vaisseaux sans