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un cortége digne de leur rang. Cortez ayant conçu qu’il avait à traiter avec les ministres d’un prince fort supérieur aux caciques, résolut d’affecter aussi un air de grandeur qu’il crut propre à leur en imposer. Il les reçut au milieu de tous ses officiers, qu’il avait engagés à prendre une posture respectueuse autour de lui. Après avoir écouté leurs premiers complimens, auxquels il fit une réponse fort courte, il leur fit déclarer par Marina qu’avant de traiter du sujet de son voyage, il voulait rendre ses devoirs à son Dieu, qui était le seigneur de tous les dieux de leur pays ; et, les ayant conduits à la cabane qui leur servait d’église, il y fit chanter une messe solennelle avec toute la pompe que les circonstances permettaient. On revint de l’église à la tente, où il fit dîner les deux officiers mexicains avec la même ostentation. Ensuite, prenant un air grave et fier, il leur dit, par la bouche de son interprète, qu’il était venu de la part de Charles d’Autriche, monarque de l’Orient, pour communiquer à l’empereur Montézuma des secrets d’une haute importance, mais qui ne pouvaient être déclarés qu’à lui-même ; qu’il demandait par conséquent l’honneur de le voir, et qu’il se promettait d’en être reçu avec toute la considération qui était due à la grandeur de son maître.

Cette proposition parut causer aux deux officiers un chagrin dont ils ne purent déguiser les marques ; mais avant de s’expliquer,