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l’ouest. Il reconnut dans cette route la province de Guazacoalco, les rivières d’Alvarado et de Banderas, l’île des Sacrifices, et tous les autres lieux qui avaient été découverts par Grisalva. Enfin il aborda le jeudi saint à Saint-Jean d’Ulua. À peine eut-il fait jeter l’ancre entre l’île et le continent, qu’on vit partir de la côte deux de ces gros canots que les gens du pays nomment pirogues. Ils s’avancèrent jusqu’à la flotte sans aucune marque de crainte ou de défiance, ce qui fit juger favorablement de leurs intentions. Cortez ordonna qu’ils fussent reçus avec beaucoup de caresses ; mais Aguilar, qui avait servi jusqu’alors d’interprète, cessant d’entendre la langue, on tomba dans un embarras dont il eût été difficile de sortir, lorsque le hasard fit remarquer qu’une des femmes qu’on avait amenées de Tabasco, qui avait déjà reçu le baptême sous le nom de Marina, s’entretenait avec quelques-uns de ces Mexicains. C’est de ce jour que commença la faveur de cette femme auprès du général, et que, par ses services autant que par son esprit et sa beauté, elle acquit sur lui un ascendant qu’elle sut toujours conserver.

Les Mexicains déclarèrent à Cortez, par la bouche de Marina, que Pilpatoé et Teutilé, le premier, gouverneur de cette province, et l’autre, capitaine-général du grand empereur Montézuma, les avaient envoyés au commandant de la flotte pour savoir de lui-même quel dessein l’amenait sur leur rivage. Cortez