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vince reçut aussi le même nom. Les Mexicains, épouvantés, demandèrent la paix : elle se fit de si bonne foi, qu’après l’avoir confirmée par des présens mutuels, entre lesquels le cacique de Tabasco fit accepter à Cortez vingt femmes américaines pour faire du pain de maïs à ses troupes, on se visita pendant quelques jours avec autant de civilité que de confiance. Mais si les magnifiques peintures que les Castillans firent au cacique de la puissance et de la grandeur du roi d’Espagne lui inspirèrent de l’admiration pour un si grand monarque, elles ne purent le disposer à se ranger au nombre de ses sujets. Ce ne fut pas faute d’adresse de la part de Cortez. Les seigneurs du pays qui l’avaient visité, entendant hennir les chevaux dans sa cour, demandèrent avec embarras de quoi se plaignaient les yeguanez, nom qui signifie dans leur langue puissance terrible. Cortez leur dit qu’ils étaient fâchés de ce qu’il n’avait pas châtié plus sévèrement le cacique et sa nation pour avoir eu l’audace de résister aux chrétiens. Aussitôt les seigneurs firent apporter des couvertures pour coucher les chevaux et de la volaille pour les nourrir, en leur demandant pardon, et leur promettant, pour les apaiser, d’être toujours amis des chrétiens.

Cortez, appréhendant de s’affaiblir, s’il poussait plus loin ses prétentions, et rapportant toutes ses vues à de plus hautes entreprises, remit à la voile le lundi de la semaine sainte, pour continuer de suivre la côte de