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naient qu’aux caciques et aux officiers, étaient des cuirasses de coton et des rondaches de bois ou d’écaille de tortue, garnies de métal, quelques-unes d’or même dans tous les endroits où le fer est employé parmi nous. Tous les autres combattaient nus ; mais ils avaient le visage et le corps peints de diverses couleurs, pour se donner un air plus terrible. La plupart portaient autour de la tête une couronne de plumes fort hautes, qui semblait ajouter quelque chose à leur taille. Ils ne manquaient pas d’instrumens militaires, soit pour les rallier ou pour les animer dans l’occasion : c’étaient des flûtes de roseau, des coquilles de mer et une espèce de tambour d’un tronc d’arbre creusé, dont ils tiraient quelques sons avec de grosses baguettes. Leurs bataillons étaient sans aucun ordre de rang et de files ; mais on y remarquait des divisions dont chacune avait ses chefs, et le corps d’armée était suivi de quelques troupes de réserve pour soutenir ceux qui venaient à se rompre. Leur première attaque était toujours furieuse, et les cris dont elle était accompagnée pouvaient inspirer de la terreur. Après avoir épuisé leurs flèches, s’ils ne voyaient pas leurs ennemis ébranlés, ils se précipitaient sur eux, sans autre méthode que de se tenir serrés dans leurs bataillons ; mais comme ils attaquaient ensemble, ils fuyaient aussi tous à la fois ; et lorsque la crainte leur avait fait tourner le dos, il était impossible de les arrêter.

Les Castillans, qui ne connaissaient point