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premiers rangs, faisant tête à l’ennemi, couvraient ceux qui descendaient des vaisseaux, et leur donnaient le temps de se ranger pour les soutenir. Aussitôt que le bataillon fut formé, il détacha cent hommes sous la conduite d’Avila pour aller au travers du bois attaquer la ville de Tabasco, capitale de la province, dont on connaissait la situation par les mémoires des voyages précédens. Ensuite il marcha contre une multitude incroyable, qu’il ne cessa point de pousser avec autant de hardiesse que de danger. Les Castillans combattaient dans l’eau jusqu’au genou : le général même s’exposa comme le moindre soldat ; et l’on rapporte qu’ayant laissé, dans l’ardeur du combat, un de ses souliers dans la fange, il combattit long-temps dans cet état, sans s’en apercevoir.

Cependant les Américains disparurent entre les buissons, apparemment pour la défense de leur ville, vers laquelle ils avaient vu marcher Avila. On en jugea par la multitude de ceux qui s’y étaient rassemblés. Elle était fortifiée d’une espèce de muraille, composée de gros troncs d’arbres, en forme de palissades, entre lesquelles il y avait des ouvertures pour le passage des flèches. Cortez arriva plus tôt à la ville qu’Avila, dont la marche avait été retardée par des marais et des lacs. Cependant les deux troupes se rejoignirent, et, sans donner aux ennemis le temps de se reconnaître, elles avancèrent tête baissée jusqu’au pied de la palissade.