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d’une seule voix. Cependant il aurait eu peine à vaincre l’irrésolution du roi, s’il n’eût trouvé dans une alliance fort honorable des secours qui lui firent surmonter tous les obstacles. Il épousa Marie de Tolède, fille de Ferdinand de Tolède, grand commandeur de Léon, grand veneur de Castille, frère du duc d’Albe, et cousin-germain du roi catholique, dont le duc d’Albe était d’ailleurs fort aimé. Le premier effet de ce mariage fut de porter les deux frères à solliciter fortement, l’un en faveur de son neveu, et l’autre pour son gendre. Ovando fut révoqué, et don Diègue fut nommé pour le remplacer, mais avec le simple titre de gouverneur général, quoiqu’en faveur d’une alliance qui l’approchait de la maison royale, on le trouve souvent honoré de la qualité de vice-roi, et dona Maria de Tolède, son épouse, de celle de vice-reine.

Il paraît que la disgrâce d’Ovando ne vint pas seulement du crédit de la maison de Tolède, et que la reine Isabelle, pour assurer la punition du massacre de Xaragua, dont elle avait toujours parlé avec horreur, avait prié Ferdinand de rappeler un officier qui avait répondu si mal à sa confiance. Il ne paraît pas pourtant qu’il joignît l’avarice à la cruauté, s’il est vrai, comme on le rapporte, qu’en partant pour l’Espagne, il fut obligé d’emprunter cinq cents écus d’or pour les frais de son voyage.

Le roi, qui avait conçu de trop grandes es-