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confiance de son maître. Il l’avait servi fort heureusement dans ses guerres ; et ce cacique, nommé Aquineuz, l’avait recommandé, en mourant, à son fils, auprès duquel il avait joui de la même faveur. Lorsqu’il avait reçu la lettre de Cortez par les Américains de Cozumel, il avait employé les présens qu’ils lui avaient remis à traiter de sa liberté, qu’il avait obtenue comme une récompense de ses services. Il avait communiqué la lettre à Guerrero, mais sans avoir pu l’engager à quitter sa femme, et l’emploi de capitaine, dont il avait été revêtu par le cacique de Nachanaam.

Les Castillans partirent pour la seconde fois de Cozumel le 4 mars ; et, doublant la pointe de Catoche, ils suivirent la côte et allèrent mouiller à la rivière de Grijalva : on n’y fut pas long-temps sans entendre des cris tumultueux, qui semblaient annoncer de la résistance dans un canton où Grijalva n’avait reçu que des caresses et des présens. Aguilar, que Cortez envoya dans un esquif pour demander la paix, revint lui dire que les ennemis étaient en grand nombre, et si résolus de défendre l’entrée de la rivière, qu’ils avaient refusé de l’écouter. Quoique ce ne fut point par cette province qu’il voulait commencer ses conquêtes, il lui parut important de ne pas reculer dans le premier péril qui s’offrait : la nuit approchait ; il l’employa presque entière à disposer l’artillerie de ses plus gros vaisseaux, avec ordre aux soldats de prendre