Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nation, qui devaient savoir la langue du pays, il fit passer Ordaz à la cote d’Yucatan, dont l’île de Cozumel n’est éloignée que d’environ quatre lieues. Deux insulaires, choisis par le cacique même, furent chargés d’une lettre pour les prisonniers et de quelques présens par lesquels on se flattait d’obtenir leur rançon. Ordaz eut ordre de demeurer à l’ancre pendant huit jours, qui était le temps nécessaire pour la réponse. Ordaz n’ayant pas reparu dans le terme de huit jours, le départ ne fut pas retardé plus long-temps ; mais une voie d’eau qui se fit au vaisseau d’Escalante, ayant bientôt obligé la flotte de retourner dans l’île d’où elle était partie, il fallut employer quatre jours au radoub ; et comme on remettait à la voile, on découvrit de fort loin un canot qui traversait le golfe pour venir droit à l’île. Il portait quelques Américains armés, auxquels on fut surpris de voir faire une diligence extrême, et témoigner peu de crainte à la vue de la flotte. Le général fit mettre quelques soldats en embuscade dans l’endroit du rivage où le canot devait aborder. Ils laissèrent descendre les Américains, et, leur ayant coupé le chemin, ils fondirent impétueusement sur eux. Mais un de ces étrangers s’avançant les bras ouverts, s’écria en castillan qu’il était chrétien. Ils le reçurent avec mille caresses, et le conduisirent au général, qui reconnut ses compagnons pour les mêmes insulaires qu’il avait envoyés avec Ordaz à la côte d’Yucatan. Si l’on considère