Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le nombre de ses soldats croissait tous les jours. Entre les gentilshommes de la Havane, on distingue François de Montejo, qui fut ensuite adelantade de l’Yucatan, Diègue de Soto del Toro, Garcie Garo et Jean de Zedens, qui donnèrent un nouvel éclat à ses troupes, et qui achevèrent même de fournir des armes et des provisions. Pendant ces préparatifs, Cortez sut ménager jusqu’au temps de son loisir. Il profita de ce court intervalle pour mettre l’artillerie à terre, pour faire nettoyer les pièces, et pour exercer les canonniers à leurs fonctions. Le canton de la Havane produisant du coton en abondance, il en fit faire une sorte d’arme défensive, qui n’était qu’un double drap de coton piqué et taillé en forme de casaque, à laquelle on donna le nom d’estampille. Cette armure, qui doit son origine à la disette du fer, devint si commune après l’expérience, qu’un peu de coton, piqué mollement entre deux toiles, passa, pour une défense plus sûre que le fer contre la pointe des flèches et des dards américains, sans compter, que les flèches y demeurant attachées, perdaient encore leur activité, et n’allaient blesser personne en glissant sur les armes, Cortez faisait faire aussi tous les exercices militaires à ses soldats : il les instruisait lui-même par le discours et l’exemple.

Mais, tandis que les derniers préparatifs se faisaient avec une diligence et une conduite qui lui attiraient l’admiration, il vit arriver Gaspard de Carnica, chargé de lettres de