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navigation. Il envoya par terre, à la Havane, une partie de ses soldats sous la conduite d’Alvarado, pour y faire quelques nouvelles levées ; et, mettant à la voile aussitôt, il s’avança vers cette ville, dans le dessein de ne s’y arrêter que pour recevoir ses gens à bord.

La flotte sortit du port de la Trinité avec un vent favorable ; mais, au lieu de suivre le vaisseau de Cortez, elle s’écarta pendant la nuit, et les pilotes ne s’aperçurent point de leur erreur avant la pointe du jour : cependant, comme ils se voyaient fort avancés, ils continuèrent leur route jusqu’à la Havane. Pierre de Barba, qui commandait dans cette ville, entra vivement dans les intérêts du capitaine général, et donna des ordres pour les besoins de la flotte : mais on fut extrêmement surpris de voir passer plusieurs jours sans recevoir aucune nouvelle de Cortez ; et l’inquiétude alla si loin, qu’une partie de l’armée proposait déjà d’élire un commandant dans son absence. La nuit de son départ, en passant sur les dangereux bancs qui se rencontrent entre la Trinité et le cap Saint-Antoine, assez près de l’île de Pinos, son vaisseau avait touché avec un danger si pressant, qu’il avait fallu faire transporter une partie de sa charge dans l’île voisine. La présence d’esprit qui avait fait prendre au général le seul parti qui pouvait le sauver, et la fermeté avec laquelle il avait fait exécuter ses ordres, augmentèrent beaucoup l’estime et la confiance qu’on avait déjà pour lui.