Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naissance, a été regardée comme un supplément à la législation, propre à prévenir, par des terreurs imaginaires, les crimes qui se dérobaient à la vigilance de la loi. »

Terminons ce résumé, pour ne rien omettre d’important, par un fait de commerce qui prouvera l’utilité de la découverte du Kamtchatka. Les peaux de loutres de mer y sont d’un profit très-considérable pour la Russie. Les Kamtchadales peuvent avec ces peaux acheter des Cosaques tout ce qui leur est nécessaire ; et les Cosaques les troquent pour d’autres effets avec les marchands russes, qui gagnent beaucoup dans le commerce qu’ils en font à la Chine. Le temps de la chasse des loutres de mer est le plus favorable pour lever les tributs ; car souvent les Kamtchadales donnent une loutre au lieu d’un renard ou d’une zibeline, quoiqu’elle vaille au moins cinq fois davantage. Une loutre se vend quatre-vingt-dix roubles ; cependant autrefois elle ne se vendait que dix roubles à Iakoutsk. On n’en fait pas usage en Russie ; mais les marchands de Moscou achètent de la chambre du commerce de Sibérie celles qu’on apporte du Kamtchatka : ils les envoient à leurs commis sur les frontières de la Chine ; et ce commerce, malgré les frais de transport et les risques où les expose l’éloignement de Moscou à la Chine, est d’un très-grand avantage. Quand la Russie aura une navigation bien établie au Kamtchatka, elle y pourra faire un commerce direct avec les côtes de la Chine.