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teuses et embrouillées. Ainsi les balles de fusil jugent les procès chez les Koriaks comme les boulets de canon vident les différends entre les rois. Celui qui a peur a tort. Cependant les Koriaks ont un grand serment, qui consiste en ces mots, immokon, keim, metinmetik. « Oui, certainement, je ne vous ments pas. »

Les Koriaks ont une manière de recevoir les visites bien opposée à celle des Kouriles. Celui qui va rendre cette sorte de devoir (car c’en est un sans doute), après avoir dételé ses rennes, reste assis sur son traîneau, attendant qu’on l’introduise, comme si c’était à une audience. La maîtresse de la maison lui dit, elko, le maître est chez lui. Celui-ci, assis à sa place, dit à l’étranger, koïon, c’est-à-dire , approche. Ensuite, lui montrant l’endroit où il doit s’asseoir, il lui dit, katvagan, assieds-toi. Du reste, on le régale, mais sans le forcer à manger.

Ces mœurs ne sont point sans vraisemblance. Mais est-il aussi croyable que les Koriaks, comme on le dit, se permettent le meurtre, parce qu’ils n’ont aucune idée des peines de l’autre vie ; tandis que le châtiment du meurtrier dépend de tous les parens du mort, dont le sang crie toujours vengeance ? Est-il bien avéré que le vol chez toutes ces nations sauvages, excepté les Kamtchadales, soit non-seulement permis, mais recommandable, pourvu que le voleur n’ait pas l’injustice de voler sa famille, ni la maladresse d’être pris sur le fait ? Est-il vrai surtout qu’une fille ne puisse épouser