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autres se rejoignirent à la Gomera, qui était le rendez-vous général, où l’on acheta un navire pour remplacer celui qui avait été submergé. Quantité d’Espagnols habitans des Canaries, en formèrent l’équipage ; ensuite Ovando partagea sa flotte en deux bandes, prit sous ses ordres celle qu’il crut la meilleure à la voile, et laissa le reste sous ceux d’Antoine de Tarrez, qui devait tout commander au retour. Il arriva, le 15 avril, au port de San-Domingo.

Bovadilla s’attendait peu avoir arriver sitôt son successeur. Cependant il vint le recevoir sur le rivage, et le conduisit à la forteresse, où les nouvelles provisions furent lues devant tous les officiers de la colonie. Ovando fut aussitôt reconnu et salué sous tous les titres, tandis que Bovadilla se vit en un moment abandonné. Cependant il fut toujours honorablement traité. Roldan fut moins ménagé : le nouveau gouverneur, après avoir informé contre lui et contre ses principaux complices, les fit tous arrêter, et les distribua sur la flotte, pour être conduits en Espagne, avec l’instruction de leur procès. Aussitôt les Américains furent déclarés libres par la publication d’une ordonnance du roi et de la reine, qui portait aussi qu’on paierait au domaine la moitié de l’or qu’on tirerait des mines, et que, pour le passé, on s’en tiendrait au tiers, suivant les règlemens de l’amiral. À la vérité, cette ordonnance ne fut pas plus tôt en exécution, que le profit des mines cessa tout d’un coup. Toutes les offres qu’on fit aux