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marcher lui-même, il chargea de cette entreprise Alphonse d’Ojéda, dont on a déjà vanté le courage, la force et l’adresse.

Ojéda partit à la tête d’un détachement de quinze hommes bien armés. Il s’avança au midi l’espace de huit ou dix lieues, par un pays désert, qui se terminait au pied d’une montagne, où, trouvant une gorge fort étroite, il ne fit pas difficulté de s’engager. Elle le conduisit dans une grande et belle plaine, qu’il fut surpris de voir entourée d’habitations, et coupée d’un grand nombre de ruisseaux, dont la plupart se rendent dans la rivière Yaqui. Il ne lui restait pas plus de douze lieues jusqu’à Cibao ; mais l’agréable accueil qu’on lui faisait dans chaque bourgade, et la quantité de ruisseaux qu’il avait à traverser, retardèrent sa marche de cinq jours. Dans une route si lente, chaque pas lui faisait découvrir des apparences de richesse. Les Américains qui lui servaient de guides ramassaient à ses yeux des pailles et des grains d’or dans le sable. Il jugea par cet heureux essai quelle devait être l’abondance de ce métal dans les montagnes ; et jugeant avec prudence qu’il n’avait rien de plus pressant que de porter à la colonie de si flatteuses nouvelles, il reprit le chemin d’Isabella avec une assez grosse quantité d’or qu’il avait recueillie. Son récit et les preuves qu’il en fit briller aux yeux des Castillans ranimèrent ceux que la faim et les maladies commençaient à jeter dans un mortel désespoir.