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majestés catholiques pour celui qui verrait le premier la terre il joindrait une mante de velours.

Vers dix heures du soir, se trouvant lui-même dans le château-de-poupe , il découvrit une lumière. Aussitôt il fit appeler secrètement Pierre Guttierez, ancien valet de garde-robe de la reine, qui crut la voir comme lui. Ils appelèrent ensemble Rodrigue Salcedo, contrôleur militaire de la flotte, qui ne la distingua pas tout d’un coup ; mais bientôt ils virent tous trois que cette lumière changeait de place avec ceux qui la portaient, apparemment d’une maison à l’autre. À deux heures après minuit, les matelots de la Pinta, qui avaient pris le devant, crièrent Terre ! terre ! et donnèrent d’autres signes. Ils avaient découvert en effet la côte, dont ils n’étaient qu’à deux lieues. Le premier qui l’aperçut, nommé Rodrigue Triana, crut sa fortune assurée ; mais, sur le témoignage de Guttierez et de Salcedo, les dix mille maravedis furent adjugés à Colomb, auquel ils furent payés pendant toute sa vie, sur les boucheries de Séville.

Les premiers rayons du jour, firent reconnaître une île, longue d’environ vingt lieues, plate et remplie d’herbes. La Pinta, qui avait continué d’avancer la première, attendit les deux autres caravelles, et tous les équipages se jetant à genoux devant Colomb, réparèrent, par des transports d’admiration et de respect les chagrins qu’ils lui avaient causés. Cet étran-